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Chardons

by Rue Froide

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mik1120 Un bon p’tit son bien travaillé musicalement & textuellement
Clarinette, contre bass, guitare… un son bien posé enivrant
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  • Compact Disc (CD) + Digital Album

    Disque en boîtier cristal classique, avec un livret contenant les paroles et les illustrations de Léon Maunoury.

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1.
La chambre 03:35
J'écris sur les murs de la chambre ce qu'il faut arracher pour monter puis descendre ce qu'il faut de colère ce qu'il faut de rancune pour épingler ta lune à mon tableau de guerre Je me roule sous la table avec un chien boiteux tous les deux, on est bien, on est presque amoureux le monde passe par la fenêtre j'ai perdu l'appétit je vomis cette lettre, j'espère que tu la lis Nous étions tous deux ivres à marcher sous la pluie c'était une de ces nuits où l'on sait ce que c'est que de vivre où l'on sait les couleurs et l'odeur s'il fallait qu'on l'écrive tu m'as payé un verre je te faisais marrer avec mes grandes godasses et mon chapeau troué je garde en gorge la crasse que je t'ai racontée Et j'écris sur les murs de la chambre ce qu'il faudrait brûler pour entendre tes talons claquer dans l'escalier avec de grands ciseaux je me découpe un sourire si tu veux revenir... Tu dois être jolie sur un boulevard immense à Paris à Byzance tu dois être jolie des idiots te courtisent tu les toises sûrement on n'achète pas le printemps on l'attend J'écrirai, sur les murs de la chambre, du salon, du grenier, que la vie est très belle que ce monde est parfait je lâcherai mes ciseaux et mes bouteilles brisées j'arrêterai de hurler que la nuit nous rend fous que les chiens sont partout je ramasserai les morceaux je me tiendrai debout ou couché, à la niche, je m'en fiche je m'en fous t'es ma vieille cicatrice t'es la corde à mon cou.
2.
Il suffirait d'aller et de tenir encore, juste tenir le bord et ne pas s'effondrer c'est que ça tabasse en face, on n'a plus le goût de rien c'est des gamins qu'on casse aux quatre coins du jardin comment veux-tu frangine, comment veux-tu demain ? Des tarés qui s'échinent aux usines à plus rien Comment veux-tu demain ? Comment veux-tu le jour ? Au secours des matins, que peut donc l'amour ? Quand bien même, et à quoi bon ? C'est ton coeur qui se couche quand l'hiver se fait dur à lorgner les fissures, n'oser qu'ouvrir la bouche je veux demain debout, je veux demain vaillant pour qu'un jour nos enfants puissent nous traiter de fous le monde s'écroule déjà, vas-tu suivre la danse ? Vas-tu moquer la chance, vas-tu baisser les bras ? Brave ton innocence et ris donc aux éclats, si du feu des combats renaît l'or de l'enfance. Quand bien même, et à quoi bon ? Quelle enfance saurait germer dans le fracas dans le pire que l'on sait, que l'on oublie déjà Quel est donc ce mirage qui te donne l'espoir quand tout autour l'histoire n'annonce que l'orage Où sont-ils tes demains ? Où sont-ils tes beaux jours ? Du Brésil au Darfour, combien d'autres gamins n'auront pas notre chance, n'auront plus que le pire faudrait-il donc sourire quand on sait la souffrance. On ne peut que sourire, on ne peut que s'aimer Se battre et puis mourir, comme meurt l'été Ne pas baisser les yeux, et donner en partage les clés de toutes les cages, et les graines du mieux. Quand bien même, et à quoi bon ?
3.
Les chardons 04:09
À la lumière des villes, et des bourgades paumées, on se blottit un peu, on se laisse couler... On fronce les sourcils, on s'entend rire du feu on racle nos guenilles, on creuse nos terriers... J'ai encore un peu d'ombre agrippée aux chevilles mais j'ai trouvé famille aux détours d'une tombe où les anciens riaient où la marmaille combat les éclats hérités de nos derniers ébats Le monde est en fanfare, claque ses cymbales tarées qu'on s'ignore, qu'on s'esquive, qu'on s'enlace au chevet Nos piaules sont des châteaux, qu'on s'y love en secret qu'on s'y torde qu'on y vive qu'on nous foute donc la paix Quand je t'ai rencontrée j'étais fier d'être esclave je dormais au gibet sous la lune blafarde tu m'as offert tes lèvres et le goût de la guerre on ne laissera plus faire les arracheurs de rêves Les frangins aux cachots savent le goût du vide que vos chefs vos caïds tricotent sous les bureaux Ramassez vos breloques, vos fatras de papiers vos cargos de plastoc, c'en est trop c'est assez Les gamins sont en rogne vous l'aurez deviné votre maréchaussée se passera de bagnole feu de joie feu tout court, outrages et ricochets quelques lettres d'amour écrites sur les pavés Que veux-tu la vie va, et se réjouit d'aller se frotter au fracas des illusions d'été mon amour regarde-les se tordre pour aller droit droit au fond de leur trou les yeux vides, le coeur bas Nous saurons dire adieu nous saurons leur apprendre qu'à pousser dans la cendre les chardons mordent mieux.
4.
Marguerite 03:37
Sans que personne ne l'accorde moi je laisse tomber ce poème sur le pavé, à tes pieds on va pousser la rengaine dans ces rues où l'on ne fait que passer moi j'ai trouvé une fleur poussée d'entre deux pavés elle est ma petite soeur Marguerite ou primevère je ne lui demande pas ses papiers elle est ma petite soeur elle est ma fleur préférée C'est celle qu'on chante au petit matin celle qu'on ne veut pas voir faner celle qu'on n'a même pas plantée qu'on ne sait même pas d'où elle vient et cette fleur toi ma jolie je te la ferai sentir et dans nos éclats de rire ben on s'aimera ouais on s'aimera, comme à Paris.
5.
La Loire 04:33
Il est déjà douze heures, au zénith c'est la merde il est déjà douze heures, le soleil se fait la belle si c'est pas lui ce sera moi, si c'est pas elle ou toi ce sera qui, dis-moi Dis-moi ces mots qui me rappellent tout ce qui est beau et qui se chante dis-moi la mer, dis-moi le ciel dis-moi en trop, dis-moi pareil il faut que je chante Alors ok ce sera toi, pas de bouteille cette fois ou une petite entre deux mots mais pas longtemps Sur le comptoir des échoués, y'a trop d'amours empaillées trop de voyages entassés, qui se sont enduits de paresse des vieillards y sont accoudés, et les sirotent sans y penser ils ont déjà joué l'allégresse, des rues remplies de chiens crevés c'est tout ce que le temps leur laisse, et quelques photos chiffonnées et le sourire de leur maîtresse accrochée au bras du banquier Alors ok ce sera toi, pas de bouteille cette fois ou une petite entre deux mots mais pas longtemps Assis sur le bord d'une Loire, je bois une 8.6 en rigolant je mate les canards qui voudraient me voir jeter des miettes de pain au vent je leur crache au bec, c'est trop facile d'avoir la Loire de son coté moi j'ai que les flics et leur sale ville remplie de corps décapités qu'on entasse dans les vitrines, en les fringuant de soie pailletée faudrait cramer toute cette usine et faire l'amour sur la chaussée Avec toi ça va de soi, t'es ma perle de bonheur sacrée dans leurs décors dégueulasses, on cramera pour l'éternité La nuit vient de tomber sur la table avec ses couleurs cendriers bouteilles de crasse vénérable dressées dans l'obscurité ce soir on sort ma chérie, on va faire glisser nos carcasses dans les reflets, dans la folie des néons froids de leurs cités avec les fantômes qui passent, on sera les rois de cette farce...
6.
Rue Froide 05:02
J'allume un feu dans ma mémoire certaines choses doivent tomber je me repose dans le brasier, dans l'immensité d'un tiroir Où sont mes pognes où sont mes yeux dans le reflet de ce foutu miroir Quelle enfance a pu donc y croire Quel vieillard sera ce morveux Et recroquevillé dans l'histoire je me souviens de chaque hiver, de chaque coquard, de chaque calvaire, de chaque baiser du hasard Certaines choses doivent tomber et s'effacer de la boite noire J'allume un feu dans ma mémoire et je l'écoute crépiter [refrain] Te souviens-tu de cette rue te souviens-tu de l'odeur des murs qu'on voulait draper de peinture et de couleurs inconnues et dans mon crâne j'escalade la gouttière qui mène à ta chambre Te souviens-tu de ce mois de novembre où nous vivions tous à Rue Froide Bien sûr tous les visages s'emmêlent et j'oublie jusqu'à ton prénom ce qu'on chantait dans les ruelles putain même le goût du Picon ! On se pavanait dans quel quartier grands seigneurs vautrés sur le trottoir blouson noir rangers débraillées à s'élancer sur quel boulevard Combien de fois l'équipe du soir a pu embarquer des frangins Combien de lames combien de poings auraient bien mis fin à l'histoire [refrain] Ce soir j'attends le prochain soleil dans les cendres de nos illusions L'incendie s'éteint et je veille en me souvenant de cette chanson Encore une journée qui chavire je me souviens enfin de ton prénom je me souviens de tes sourires quand nous nous aimions sans raison et je supplie le soleil de se lever sans effacer cette vision sans arracher ce bouquet de chardons que je t'avais offert pour t'épater je supplie demain de pas flinguer ce qui reste de toi dans ma mémoire à peine une esquisse, un crobard sur la fresque de l'histoire achevée. [refrain]
7.
Miraculée des hécatombes son corps est un champ de blé cramé, des tranchées dans le coeur et le monde se moque de ses pleurs et ses plaies elle voudrait retourner dans la chambre où l'on s'endormait en silence mais l'ambulance de la dernière danse lui fait du pied depuis décembre Jamais le bruit de la ville ne meurt il est cinq heures dans sa cervelle y'a du verglas et du brouillard appuie sur l'accélérateur l'ascenseur te ramène au soleil mademoiselle s'oublie dans le noir Elle fait chabrot du vin d'hier et jette au feu ses vieux poèmes en se caressant dans l'ombre qui traîne mam'selle s'endormira par terre. Dans ses rêves mam'selle est très belle y'a des fleurs à tous les balcons elle offre son coeur à des garçons qu'ont des septièmes ciels rien que pour elle Jamais le bruit de la ville ne meurt il est cinq heures dans sa cervelle y'a du verglas et du brouillard le futur dans le rétroviseur où est votre chauffeur mademoiselle l'aube est cruelle comme un poignard Demain elle s'en ira flâner sur les boulevards des belles histoires s'en ira vider tous les bars et rentrera à pas chassés elle s'endormira peut-être par terre le sol est un amant fidèle le temps de rêver d'un revolver, d'un scalpel pour se tailler les ailes Et peut-être que la ville lui fera l'honneur de laisser tranquille sa cervelle elle pourra bâcler son histoire. Ça y est, ça y est le jour se meurt vous pouvez rêver mademoiselle la nuit vous brise comme un miroir.
8.
Jannot 04:57
Dimanche soir à sa fenêtre et l'horloge joue avec le feu Jannot s'amoche contre une cannette et se penche un peu la nuit est belle comme une comète qui viendrait se crasher dans ses yeux il se fait un trait au dos de l'assiette et tend sa bouteille au bon dieu [refrain] Ce soir c'est grand soir Jannot se barre, va boxer tous les réverbères il dégringolera du comptoir comme une cascade de bière Jannot s'en cogne, Jannot s'en carre ce soir c'est la guerre la dernière il s'y jette la tête la première, coeur au grand air pour le grand soir ! Pour le grand soir ! Le monde entier dans la caboche Jannot connaît la suite par coeur il est cinq heures Paris s'accroche se prend des taloches par les videurs une petite soeur s'approche les yeux noyés dans la liqueur elle tangue et lui offre une galoche comme un coup de pioche en plein coeur [refrain] L'orage se ramène, l'air est brûlant la ville dégaine toutes ses chimères et fait semblant, semblant de que dalle, comme si de rien comme si demain ne serait pas ce train qui déraille [refrain] Ça y est l'aube grise s'éparpille et la brume hante les ruelles Jannot s'y glisse et s'y faufile et la lune se casse la gueule dans le ciel le dernier néon vermeil vacille il s'allume un joint au soleil au pays des merveilles fragiles Jannot s'éteint contre une poubelle C'était son grand soir Jannot se barre à dos de clébard jusqu'en enfer, s'arrache des ornières de l'histoire et s'en va boire un dernier verre à la table du désespoir Jannot se marre, Jannot est fier, fier comme un diable Jannot se perd tête la première pour le grand soir Pour le grand soir...
9.
À l'angle mort de cette piaule je vois nos deux corps qui se font caresses l'hiver s'étend sur ton épaule janvier comme une laine épaisse j'enfile ma veste et mon couteau je passe pour un clodo en ivresse ma princesse ma chair mon château on se blottit au fourneau tendresse [refrain] On se ramasse un bout de fortune à se caler au coin de nos poches on se tient chaud on s'aime on s'accroche sous les hoquets de la pleine lune Dans la rue les gamins rigolent et la flicaille leur fait misère je leur crache ma colère au lance-pierre et leur lâche les clebs aux guibolles va donc voir un peu par ta fenêtre comment que je t'ai ramené un carrosse une paire de godasse une cannette un sac-à-dos avec plein de poches [refrain] Je laisse mes angoisses à faisander dans le fond de l'évier de la cuisine on rend les clés de cet apart' paumé aux fabricants de factures intimes on fraudera le prochain wagon-bar à regarder filer les boutiques qui soldent leurs cauchemars en plastique aux résidents des abattoirs [refrain] Le futur se casse la gueule par terre et s'excuse presque de faire semblant un fer à cheval en bandoulière des trèfles à quatre feuilles plein les dents déserteurs ravis on cavale on se carapate on se fait la malle leurs petits sous, leurs petits cinq-cent balles dans le rétro de notre carrosse bancal [refrain]
10.
Marco 03:45
On se mate du coin de l'oeil, au fond de la glace t'avais pas cette gueule t'avais pas toutes ces traces y'a ton regard qui s'efface et tes dents qu'ont jauni ouais Marco le temps passe et mon vieux c'est ainsi Mais Marco y'a si peu on avait tant de rêves mais regarde t'es pas vieux t'as juste perdu ta sève tu t'es calé les fesses sur un coussin moelleux et t'as fait tes adieux à nos plus belles promesses On voulait cramer la ville avec des poèmes et puis y'avait cette fille qui te hurlait « je t'aime » qu'est-ce qu'elle a pu devenir cette rousse cinglée dont la bouche rosée te couvrait de soupirs tu voulais lui offrir le plus haut des châteaux pour élever vos marmots à combattre le pire on voulait tant partir on rêvait de radeaux on était les plus beaux on ne pouvait pas mourir Mais Marco y'a si peu on avait tant de rêves mais regarde t'es pas vieux t'as juste perdu ta sève tu t'es calé les fesses sur un coussin moelleux et t'as fait tes adieux à nos plus belles promesses Et Marco quand j'y repense t'as peut-être bien raison on n'était que des petits cons qui avaient tant de chance à se rincer tous les soirs comme des cochons à trinquer à la Loire en gueulant nos chansons mais si tu lèves pas ton cul de ce fauteuil moisi je te traîne dans la rue pour pas que t'oublies qu'on n'était que des petits cons mais qu'on était debout qu'on n'était pas à genoux à compter les moutons et si on recherche bien on recroisera ta rouquine je suis sûr qu'elle est pas loin je suis sûr qu'elle est câline allez viens soyons cons et ayons de la chance la vie c'est une danse c'est une fête une chanson.
11.
Le temps 04:52
Il y a quelqu'un qui tire les heures je n'ai pas le temps, pas même le courage de boucler mes bagages, sang et sueur, de boucler mes erreurs, de les laisser fleurir en nouvelles idoles sur les ruines d'un âge qu'on a laissé pourrir dans un verre d'alcool s'il n'est que le beau pour nous sortir de là pour nous relever, s'il n'est que le beau pour relever le combat il nous reste alors peu, qu'un papier froissé la nuit s'étend à nos côtés nous enlace et nous ride de tout son poids le jour répand ses aubes avortées les cases se vident, on creuse sa voie mais le temps passe ce salaud comme des mots qu'on trace il crache à la gueule des coeurs, et en choeur tout seul il se reflète dans l'eau comme un tableau Et les clichés volés, moments qu'on n'oublie pas, les baisers esquivés, et les lèvres et les bras et les nuits à courir sous le vent des regrets à se regarder partir, à les regarder valser sous la pluie sous les rires de poivrots attroupés autour d'un bar paumé dans les rues de l'empire mais le temps passe Et le temps passe encore et encore mais on va l'arrêter, maintenant, le temps on va le crever à coups de poing à coups de dents les coeurs en sang et les yeux révulsés on va briser sa sale gueule on se jouera de nos doutes tu sais quoi rien à foutre on va briser nos cercueils et maintenant.

about

Enregistré à Marval en juillet 2020.
Achevé de mixer à Toulouse en avril 2021.
Illustrations par Léon Maunoury.

credits

released May 16, 2021

Chloé Pagès : chant
Léon Maunoury : chant et guitare
Guilhem Sautereau : clarinette et chœurs
Mathieu Béranger : contrebasse et chœurs
Sylvano Castellan : guitare et banjo

Amandine Margottet : violoncelle
Sophie Doco : violon et accordéon

Nicolas Henras : enregistrement et mixage

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Rue Froide Marval, France

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